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Editorial

« FAIRE MIEUX ET PLUS, AVEC MOINS »
Par Jacques Rombi, directeur de publication

Cette phrase, extraite de l’excellente analyse de notre invitée, résume toute la problématique de la gestion et la valorisation de nos déchets.
Moins produire de déchets, tout en valorisant les sources existantes.
La solution a un nom : encore une fois il s’agit de la coopération régionale !
Déjà en 2019, Cap Business (ex Union des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien) avait conclu à l’issue d’un ambitieux atelier sur la gestion mutualisée des déchets dans l’océan Indien, qu’une approche régionale était indispensable. En soulignant que « La mutualisation permet d’envisager une consolidation des gisements et de s’approcher de la taille critique difficile à atteindre à l’échelle des territoires et par catégories de déchets ».
Un problème d’économie d’échelle qui permettrait la rentabilité d’investissements dans des équipements lourds, et que nos enquêtes dans chaque île couverte par notre magazine n’ont fait que confirmer.
Ce frein à la mutualisation des déchets a une origine en partie réglementaire puisque c’est la Convention de Bâle qui contrôle les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux.
Autant de subtilités, pour ne pas dire tracasseries, qui sont détaillées avec talent par notre invitée qui propose des pistes dans son analyse exclusive à lire en fin de magazine.

Sensibilisation + pognon = valorisation
Mais au-delà des lois et des règles, la sensibilisation des populations reste à construire presque totalement. La seule analyse de nos partenaires KANTAR à lire ci-après indique bien que les préoccupations des populations sont d’abord du côté de leur porte-monnaie et c’est bien logique à l’heure de l’inflation généralisée. Une enquête qui compare la conscience écologique des Réunionnais et des Mauriciens, qui seraient pourtant parmi les îliens les plus avancés en terme de sensibilisation. Que dire encore de Madagascar et des Comores ? Rien ou pas grand-chose, vu la faiblesse des informations ramenées sur le sujet par nos équipes sur place. Quant à Mayotte, on y fait preuve d’ingéniosité malgré un contexte miné par une démographie galopante où deux mondes se fréquentent dans une ambiance électrique. Une bonne moitié de la population, bien en-deca du seuil de pauvreté, qui consomme et jette n’importe quoi et n’importe où, et une autre moitié qui aspire aux standards français et européens pour la gestion de ses déchets…. En tous cas un beau laboratoire d’expérimentations que notre consoeur Nora Godeau développe dans nos colonnes.

Copinages et pâles copies…
Enfin sur ce sujet, nous suivons régulièrement l’aventure du courageux Christophe Deboos et son enseigne Fourmize qui a justement pour moteur la sensibilisation et la rémunération des populations qui s’impliquent dans le tri des déchets. Le succès fulgurant de son modèle à La Réunion, lui a donné des ailes pour voler jusqu’à Maurice voire Madagascar, aidé par le fonds français d’aides au secteur privé (FASEP)
Pourtant le projet patine. Ferait il ombrage à quelque politicien ou autre gros bonnet cravaté désireux de placer son propre poulain ?
On a bien vu récemment le géant français VEOLIA, arrivé certes de façon maladroite, repartir aussitôt de Maurice malgré sa solution d’usine de traitement de déchets (et de production du fuel green faut-il rappeler au passage) sous la pression d’une poignée « d’opposants » manipulés en haut lieu. Accueilli à bras ouvert à Madagascar et la Réunion, mais jeté de Maurice tel un déchet non recyclable. Cherchez l’erreur.
Jalousies, corruptions, usurpations de droits intellectuels, copinages et pâles copies…
Autant de réalités qui minent beaucoup d’initiatives de coopérations régionales et de développement économique tout simplement.

Massacre des insecticides naturels
Pour finir, une petite note sur notre calendrier régional qui coïncide en ce dernier trimestre de l’année avec l’arrivée des délicieux letchis sur les marchés. Une aubaine pour nos papilles et pour celles des chauves-souris géantes, les fameuses « roussettes » qui ont eu le malheur d’avoir la même passion que nous pour le fruit sucré. A Maurice, le choix est vite fait entre les nombreux « agricélecteurs » et le curieux mammifère (qui nous ressemble beaucoup finalement). Une période qui coïncide avec leur abattage massif en « règle » car autorisé par la loi même si l’animal est protégé*.
Une barbarie d’autant plus ridicule qu’elle intervient alors que le dernier rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization des Nations Unies), désigne Maurice comme le premier pays au monde pour l’utilisation de pesticides par superficie de terres cultivées. Mettant en péril tous les écosystèmes terrestre et marin (sans compter la santé des hommes).
Quand on sait que la roussette est (était ?) le premier prédateur naturel des insectes de tous types, la logique voudrait qu’on généralise la pratique de filets protecteurs des fruits comme le font, à leurs frais il est vrai, quelques producteurs consciencieux.
Quand on voit encore ce genre d’hérésie (pour rester poli) on ne peut qu’être inquiets pour notre futur immédiat.

*La roussette noire est sur la liste rouge des espèces menacées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son statut a été révisé pour la dernière fois en 2018.

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