Les 17 Objectifs de Développement Durable, qui sont l’objet de cette édition, ont été adoptés en septembre 2015 par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030. Ils définissent 17 priorités pour un développement socialement équitable, sûr d’un point de vue environnemental et économiquement prospère, à l’horizon 2030.
Depuis cette date, tout semble s’emballer et nous avons tous l’impression de n’entendre parler que de ça. Pourtant, dans notre région qui connait vraiment ces ODD et qui les applique au quotidien ?

Nous le répétons souvent dans les colonnes de notre magazine : une bonne moitié de l’Humanité affamée et prête à tout, n’a cure des forêts et des océans qui ne sont perçus que comme de simples réservoirs de nourriture et de survie. Ce n’est pas pour rien que le dernier rapport des Nations Unies sur le sujet* souligne « que si l’absence de progrès (dans l’atteinte des ODD NDLR) est universelle, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables du monde qui subissent les pires effets de ces défis mondiaux sans précédent ».
En bref, comment faire pour enrayer à la fois la spirale de la pauvreté et celle, qui lui est intrinsèquement liée, de la destruction de la planète ?
Car ne nous y trompons pas : si les « grands » pays du Nord (Chine et USA en tête) sont les plus gros émetteurs de CO2, ceux du Sud ont, chacun à sa manière, de lourdes responsabilités dans la destruction aveugle des écosystèmes. Si le Nord commence à comprendre la situation (sous l’effet conjugué des sensibilisations mais aussi des amendes directes et indirectes), les pays du Sud sont loin du compte. Pour l’immense majorité de leurs populations, les sigles tels que ODD ou RSE sont des notions abstraites car elles ne se mangent pas. A moins que, sous l’influence de quelques entreprises et ONG responsables, le rapport de cause à effet soit rapidement établi entre protection de l’environnement et Nature nourricière.
Quelques bons exemples sur le respect de certains ODD qui sont cités à la fin du magazine sont là pour nous rassurer et nous convaincre que le respect des écosystèmes, la réflexion permanente vers plus de circularité dans nos modes de consommation, peuvent générer de la valeur, au moins pour sortir de la spirale de la pauvreté.
C’est un triste constat : alors que les sociétés traditionnelles savaient comment faire pour vivre en harmonie avec la Nature, l’acculturation accélérée vers la société de consommation leur a fait perdre les repères que sont en train de leur réapprendre aujourd’hui ceux-là même qui les en ont déconnectées voici moins d’un siècle !
Entretemps, la corruption et le népotisme ont pris le relais destructeur, accélérant encore l’acculturation et la perte des bonnes pratiques qui permettaient naguère de vivre en harmonie avec la Nature.

Réapprendre les bons gestes de nos ancêtres.

Notre région de l’Indianocéanie, qui cherche encore ses marques pour un développement harmonieux, est un véritable laboratoire d’expérimentations économiques et sociales. Alternant des pôles d’extrême pauvreté comme de grandes richesses, notre enquête régionale promettait de nous éclairer sur ces questions. Le principal constat de cette enquête porte sur la faible mobilisation pour ce baromètre. Elle serait due, d’après Nathalie Job qui a mené cette étude précieuse avec Virginie Villeneuve, au manque d’informations. Là aussi, le constat est cruel : si les grands groupes sont bien conscients de la situation et engagent de belles actions liées à l’atteinte de ces ODD, les PME et les TPE sont le plus souvent « le nez dans le guidon » pour survivre quand elles ne sont pas victimes d’un harcèlement administratif et comptable qui les oblige à ne jamais s’arrêter de bosser. Dans ce contexte comment entendre parler des ODD et apprendre les bons gestes qui y sont liés ?

En bref, ces 17 ODD sont autant de bouées de secours lancées dans une marée humaine qui n’en connait pas encore les codes.

*The Sustainable Development Goals Report – Special edition –  July 2023.