Parcs solaires, centrales hydroélectriques, prospection de nouveaux partenaires ou encore renforcement des capacités des cadres des structures d’exécution de projets, Madagascar s’active pour atteindre son objectif de parvenir à un taux d’accès à l’électricité de 60% en 2025. Le Journal des Archipels a rencontré le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures, Solo Andriamanampisoa pour en savoir plus.

INTERVIEW

Solo Andriamanampisoa, ministre de l’Energie et des Hydrocarbures de Madagascar

«L’inclusion énergétique verte, c’est notre grand défi»

Propos recueillis par Liva Rakotondrasata

Photos : MEH

Le Journal des Archipels : monsieur le ministre, plusieurs projets sont en cours à Madagascar en matière de promotion des énergies vertes. Pouvez-vous donner des précisions ?

Solo Andriamanampisoa : En effet, Madagascar est pleinement engagé dans la matérialisation de la vision du président de la République en matière de transition énergétique verte. Je précise que cette vision porte sur cinq objectifs d’ordre qualitatif qui privilégient l’accès de tous à l’énergie moderne et propre, des prix abordables, la qualité et la fiabilité des services, la sécurité énergétique et la durabilité.
L’inclusion énergétique verte, c’est notre grand défi. De très nombreux projets sont en cours de réalisation ou sont en phase de lancement. Différents chantiers ont été mis en route un peu partout à travers le pays aussi bien dans le domaine de l’hydroélectricité que du solaire et de l’hybride. Mais d’autres options comme l’hydrogène vert ou la récupération de l’énergie des vagues avec la technologie houlomotrice vont aussi être mises à profit pour que le pays puisse avancer plus rapidement.
Le programme de construction de 78 parcs solaires est l’un des projets phares de Madagascar dans les énergies vertes : 46 parcs pour produire 50 MW étaient prévus être réalisés initialement mais 32 autres ont été rajoutés et permettront d’avoir 27 MW supplémentaires. Nous sommes appuyés par des partenaires de premier plan comme la Banque mondiale pour réaliser ce grand challenge. Lors de la conférence « BETD Berlin 2023 », au mois de mars dernier en Allemagne, le projet de parcs solaires de Madagascar a été unanimement salué par les organisateurs et les participants. Ce fut l’occasion de lancer un nouvel appel aux partenaires et aux investisseurs de venir appuyer la Grande Ile dans ses efforts pour atteindre ses objectifs d’inclusion et de transition énergétique verte.

« Nous visons un taux d’accès à l’électricité de 60% en 2025. »

JDA : Plusieurs projets en cours de réalisation. Mais quel est le bilan en matière de progression des travaux sur le terrain ?
S.A : Nous préparons actuellement un document qui dressera le bilan des réalisations accomplies. Mais nous sommes aussi tout à fait conscients de la nécessité d’accélérer la cadence et de monter en efficience. Raison pour laquelle par exemple, le 8 juillet dernier, un atelier de formation a eu lieu pour améliorer la performance d’exécution des projets prioritaires du secteur énergie à Madagascar. Cette formation organisée avec le Fonds d’Intervention pour le Développement (FID) a eu comme bénéficiaires l’Unité de Coordination des Projets Emergents (UCPE), la Direction Emergence Energétique (DEE) au sein du Ministère de l’Energie et des Hydrocarbures et l’équipe du projet Least-Cost Electricity Access Development (LEAD).
Nous visons un taux d’accès à l’électricité de 60% en 2025. Un objectif particulièrement ambitieux et qui demande l’implication de tous et notamment des investisseurs intéressés de miser sur le potentiel des énergies durables. C’est dans cette perspective que nous avons décidé d’améliorer le cadre de développement des partenariats publics-privés et de promouvoir toutes formes d’énergie alternative au bois énergie. Sans oublier le programme de distribution de 2 millions de kits solaires pour les foyers ruraux.

“L’hydrogène vert pourrait être le compromis le plus réaliste.”

JDA : Vous aviez évoqué l’intention de votre département de miser sur de nouvelles techniques pour diversifier les sources énergétiques propres. Pouvez-vous nous en dire plus concernant les projets à venir dans ce domaine ?
S.A : Il y a d’abord l’hydrogène vert. Madagascar compte bien investir dans ce domaine qui représente un des leviers d’avenir pour accélérer la transition vers la neutralité carbone : développement de la mobilité verte, décarbonation des usages industriels… D’ici quinze à vingt ans, bon nombre d’avions et navires fonctionneront avec cette énergie. Je tiens à faire remarquer que l’hydrogène vert pourrait être le compromis le plus réaliste entre la protection de l’environnement, l’industrialisation de l’Afrique et la convergence économique entre Nord et Sud. Et force est de constater que Madagascar dispose d’atouts certains, dont de larges superficies pour implanter les infrastructures, pour devenir un hub en matière d’hydrogène vert.
Il y a également la possibilité de récupération de l’énergie des vagues avec la technologie houlomotrice. Dans ce cadre, un avis d’appel à concurrence a été lancé par le ministère que je dirige et concerne plusieurs villes côtières du pays comme Tulear, Mahajanga, Fort-Dauphin ou encore l’île de Nosy Be. Ce ne sont là que quelques exemples et j’en profite d’ailleurs pour appeler les entreprises qui disposent de technologies innovantes dans le domaine des énergies vertes à se manifester car le ministère et ses partenaires sont bien disposés à les accompagner.