La relation entre le Rwanda et la France, aussi complexe soit-elle, a récemment pris un tournant décisif. Avec une normalisation des relations, une diplomatie économique renouvelée et le prochain sommet UE-UA, le Rwanda occupe aujourd’hui le devant de la scène diplomatique sur le continent africain. Voici la suite de l’ITV de l’ambassadeur Antoine Anfré parue sur notre dernière édition du magazine.

Par notre correspondant à Kigali : André Gakwaya / RNA News

« Le gouvernement rwandais a compris que le français est une langue des affaires »

André Gakwaya : Dans certains pays d’Afrique francophone, la France est de plus en plus concurrencée par des puissances étrangères. En Afrique de l’Est (Ouganda, Rwanda, Kenya), une nouvelle dynamique diplomatique semble se mettre en marche pour se tourner vers ces pays. Comment la France peut-elle trouver sa place, face au Qatar par exemple, que vous avez mentionné précédemment et nouer des partenariats dans cette zone dont le potentiel a été sous-estimé durant de nombreuses années ?

Antoine Anfré : Je crois que la France a tout de même une bonne image et les grands groupes français sont connus. Le Rwanda est soucieux de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il ne va pas devenir une succursale du Qatar ou de la Chine, ni de la France d’ailleurs parce qu’il y a chez lui une forte volonté d’indépendance et d’équilibre.
Les entreprises françaises, qu’ils s’agissent de PME, d’ETI ou de grands groupes, seront les bienvenues au Rwanda. Le Rwanda Development Board (RDB) est un guichet unique très pratique pour toute entreprise désireuse de s’installer au Rwanda. Une convention de non-double imposition est prévue. J’espère qu’elle sera signée d’ici la fin 2022. Elle sera importante pour les entreprises françaises qui souhaitent s’implanter au Rwanda.
Le Rwanda souhaite également devenir un centre financier avec le Kigali International Financial Center. C’est un petit pays qui a de grandes ambitions. Certaines peuvent faire sourire mais quand on voit ce qui a été accompli depuis 20 ans, tout est possible. Il y a des choses auxquelles les observateurs ne croyaient pas il y a 25 ans et qui ont été faites depuis. Il ne faut pas prendre à la légère les ambitions rwandaises.
Renforcer l’attractivité de l’Afrique est aussi une nécessité. Paul Kagame soutient le projet de zone de libre-échange sur le continent africain, qui intéresse aussi la France. Il faut maintenant que la ZLECAF soit opérationnelle et devienne une réalité.