Nous avons questionné le politologue (et politicien) mauricien Avinaash Munohur* en ces termes :
la coopération régionale, on en parle tout le temps mais on connaît très peu d’exemples. N’est-ce pas un vœu pieux ?

Pour lui : « Le terme de coopération régionale est souvent utilisé pour meubler les beaux discours politiques.
In fine, nous savons que les intérêts nationaux finissent toujours par primer aux dépens de l’essor d’un projet d’une gouvernance régionale sur certains enjeux (géopolitiques, sécuritaires et alimentaires notamment). C’est dommage. Mais il y a là de grands chantiers pour les différents gouvernements de la région.
Par exemple, la COVID nous a amplement démontré à quel point les pays de notre région étaient dépendants de la circulation des marchandises, et comment un ralentissement de la circulation pouvait nous plonger dans une situation d’insécurité sanitaire, voire alimentaire.
De ce fait, nous (les îles de la région – NDLR) avons la même problématique.
Est-ce possible de développer un effort de coopération entre les îles pour trouver des consensus autour de projets qui nous permettraient une augmentation de notre résilience en face d’un ralentissement de la circulation ? Par exemple, l’augmentation de la sécurité alimentaire est primordiale pour nous.
Mais nous savons que Maurice ne peut réaliser cet objectif à elle seule. De ce point de vue, nous avons besoin de Madagascar, de La Réunion et peut-être des Comores, pour la constitution d’un grenier régional.
Il y a là de grands efforts de coopération régionale à effectuer. Aussi nous voyons également dans cet exemple que cette notion de coopération régionale n’est pas uniquement une question de financement, d’échange de savoir-faire ou d’implémentations économiques. Si nous voulons créer cette synergie nous permettant de constituer un grenier régional pour notre sécurité alimentaire, alors il est clair que Maurice doit être partie prenante de la modernisation, du développement et de la stabilité de Madagascar.
D’une manière profonde, c’est par le biais du développement de liens de fraternités entre nos peuples et dans l’effort que nous pouvons faire pour aider Madagascar à se développer, que nous sèmerons les véritables graines d’un projet régional. Sans cela, nous ne faisons que parler dans le vide.

*Avinaash Munohur a 38 ans. Il est docteur en sciences politiques (thèse doctorale obtenue en 2020 avec pour sujet « le système politique mauricien ». Avinaash Munohur s’est intéressé particulièrement aux questions d’économie politique et comment les histoires coloniales posent les bases de l’infrastructure économique.
Il a été candidat aux législatives en 2019 et fait aujourd’hui partie d’une commission récemment mise en place par son parti, le MMM, sur le développement durable qui a « comme compréhension du développement durable quelque chose dont l’objectif et l’approche se veulent pluridisciplinaires et comme vecteur et axe de développement la réconciliation de l’écologie avec les enjeux économiques, sociaux et institutionnels », explique-t-il. Il est consultant au sein d’un cabinet de conseil parisien, qui a ouvert un bureau à Maurice, spécialisé dans le conseil en stratégies politiques et en lobbying, particulièrement dans le domaine des énergies, de la sécurité, de l’agro-alimentaire et du BTP.