Le 15 avril dernier, l’Établissement Public Foncier et d’Aménagement de Mayotte (EPFAM) a conclu deux conventions avec l’association Art.Terre, propulsant ainsi la tradition du principe de construction ancestral au rang d’innovation durable et responsable.

Photo (DR) : La technique de la BTC est également utilisée depuis des siècles à Madagascar.

A l’heure où les territoires ultra-marins français se voient dispensés de l’obligation de la norme CE, la BTC, brique de terre comprimée conjugue bien des atouts dont deux normes réglementaires obtenues en 2021. Et son score carbone répond déjà à la prochaine obligation de prise en compte des critères environnementaux prévue d’ici 2026, dans la commande publique. Quand le retour à la terre devient une solution d’avenir !

L’EPFAM joue un rôle central dans le développement urbain et rural de Mayotte depuis 2017. En partenariat avec les collectivités et les maîtres d’ouvrage publics, l’EPFAM œuvre à un aménagement du territoire qui intègre les dimensions urbaines, agricoles, économiques et environnementales. Son objectif est de créer une synergie entre ces différents domaines pour construire la ville mahoraise de demain.
Le secteur du bâtiment représente au niveau mondial un tiers des émissions de CO2, aussi, ces conventions répondent à un enjeu urgent à plus d’un titre. Les engagements respectifs visent à promouvoir la brique de terre comprimée (BTC) comme solution de construction écologique et durable à Mayotte. Un savoir-faire débuté il y a 45 ans qui a déjà fait ses preuves puisque ces 25 dernières années, plus de 40 millions de briques ont permis d’édifier l’équivalent de 1000 logements. A noter que la BTC peut être utilisée pour des constructions d’immeubles jusqu’à 3 étages.
De son côté, Art.Terre Mayotte, association créée en 2007, est le fer de lance de la promotion de la BTC à Mayotte. Avec une équipe multi disciplinaire composée d’architectes, d’ingénieurs, et d’artisans, l’association travaille à sensibiliser les acteurs locaux aux avantages de la BTC et à développer la filière de production sur l’île en favorisant l’autonomie énergétique et économique de la population.

Création de l’Atelier Mahorais des Terres à Construire (AMATECO)

La deuxième convention porte sur la création de l’Atelier Mahorais des Terres à Construire AMATECO, un futur laboratoire de recherche et pôle de formation dédié à la BTC, qui élargira sa mission à l’assistance, à la production et à la mise en réseau des acteurs et au contrôle qualité. Ce projet piloté par Art.Terre est conçu comme un centre de référencede la BTC. En associant différents partenaires dont les producteurs locaux, il vise à structurer par le contrôle qualité, la formation ou la recherche, la filière de production sur l’île en utilisant comme matières premières la terre d’excavation utilisée crue et des fibres végétales locales pour stabiliser les briques. Le centre AMATECO prévoit d’assurer la formation de professionnels locaux mais aussi d’accueillir des experts de la construction en terre et partager avec d’autres territoires comme Madagascar, les Comores et La Réunion, le savoir-faire mahorais sur la construction en BTC.
L’EPFAM, en tant que maître d’ouvrage apportera son expertise en aménagement et en construction pour soutenir le développement opérationnel du projet. La Sim (Société Immobilière de Mayotte) projette l’utilisation de la BTC dans le cadre de son programme comptant 500 logements annuels. Le rectorat envisage depuis plusieurs années comme en témoigne le grand chantier du lycée des métiers, cette seule alternative pour ses futures constructions. Et celles-ci s’annoncent rythmées tant le besoin d’établissements scolaires est important sur le 101 ème département français. Ces réalisations de grande ampleur devraient inspirer, les constructions privées ou familiales si nombreuses sur l’île.

Par la signature de ces deux conventions programmées sur 2 et 3 ans renouvelables, l’EPFAM et Art.Terre via AMATECO entendent redynamiser et restructurer la filière BTC afin qu’elle s’intègre pleinement dans l’économie du bâtiment. Parmi les objectifs premiers : assister les briquetiers pour organiser une fabrication semi-industrialisée et former des poseurs selon une méthodologie désormais encadrée par les normes réglementaires.