Hasnaine Yavarhoussen est directeur général délégué de Groupe Filatex et fondateur du fonds Yavarhoussen. Filatex figure parmi les entreprises d’envergure opérant à Madagascar qui ont choisi par anticipation le virage de l’énergie verte. A travers cet entretien exclusif, Le Journal des Archipels apporte des éclairages sur les enjeux actuels et à venir de ce secteur en pleine expansion, sur les projets malgaches et africains du groupe qui applique une politique RSE axée sur l’innovation. 

Propos recueillis par Liva Rakotondrasata

 

Le Journal des Archipels : Vous avez un objectif de 205 MW en développement et commissionnés d’ici 2022 dans le solaire*. Comment évolue le projet dans le contexte actuel ?

Hasnaine Yavarhoussen : Tout d’abord, je tiens à rappeler que Madagascar a un énorme potentiel en énergie solaire, estimé à 2 000 kWh/m²/an grâce aux 2 800 heures d’ensoleillement annuel dont il bénéficie. Ce potentiel n’est donc pas encore exploité de manière optimale et chez Groupe Filatex, nous œuvrons justement pour y remédier. Le développement de l’énergie solaire, c’est également une production d’énergie à des coûts moins élevés, donc bénéfique pour le pays et la population.
Ainsi, l’essor des énergies renouvelables, et particulièrement du solaire, fait aujourd’hui partie de nos axes de développement principaux. Pour le développement de notre groupe, mais aussi et surtout pour le développement durable de Madagascar.
La Covid-19 a impacté nos projets, comme pour un grand nombre d’industries dans le monde.
Toutefois, nous avons inauguré deux centrales solaires et mis en service trois d’entre elles en pleine pandémie. Ce sont des victoires que nous célébrons, car malgré tout, nous avançons.
Nous rencontrons néanmoins quelques ralentissements, mais nous œuvrons et travaillons d’arrache-pied, avec le soutien de l’État, pour que ces objectifs soient atteints d’ici 2023.

 

JDA : Vous êtes présent à Madagascar mais aussi dans d’autres pays africains comme la Guinée et la Côte d’Ivoire. Comment envisagez-vous votre expansion continentale ?

HY : Nous le savons tous, l’Afrique est pleine de ressources. Les énergies renouvelables sont l’une des clés pour le développement du continent africain. Mais ce n’est pas tout, les énergies renouvelables sont essentielles pour l’avenir de notre planète. Ainsi, nous développons des centrales de production d’énergie renouvelable sur le continent, notamment en Côte d’Ivoire.
Le contexte de la Covid-19 a certes légèrement ralenti notre expansion en Afrique et même en Europe, mais nous sommes convaincus que les années à venir restent prometteuses au vu de nos ambitions panafricaines, et aussi du potentiel immense du continent.

 

Nous pensons que la santé, l’éducation et l’environnement sont les trois piliers pour construire un avenir meilleur

 

JDA : Groupe Filatex a-t-il des projets d’envergure misant sur d’autres sources d’énergie verte ou se limitera t’il au solaire ?

HY : Oui, nous sommes actuellement en train de développer des projets de centrales hydroélectriques dans quelques villes moyennes du pays, visant un total de production de plus de 50MW.
Par ailleurs, une centrale éolienne est en cours de développement dans le Nord de l’Ile, à Diego. Ces projets sont mis en œuvre, toujours dans l’optique d’œuvrer pour un avenir plus vert, pour la Grande Ile.

 

JDA : Pourrait-on connaitre les investissements prévus par votre groupe dans l’énergie à court et moyen terme et quels sont les créneaux prioritaires ?

HY : Nous mettons aujourd’hui en place des partenariats stratégiques, qui nous permettent d’apporter le meilleur non seulement en termes d’expertise, mais également d’un point de vue matériel et technique.
Notre but est de contribuer au développement de Madagascar, notamment avec l’amélioration du taux d’électrification de l’île. Ainsi, nous avons récemment investi pour améliorer notre technologie afin de pouvoir « stocker » l’énergie solaire, afin que celle-ci puisse être exploitée de manière efficace. Vous en saurez sûrement un peu plus très prochainement.

 

JDA :  Pratiquement toutes les grandes entreprises ont aujourd’hui une stratégie RSE. Qu’est-ce qui vous différence des autres dans ce domaine ?

HY : Chez Groupe Filatex, il y a trois axes sur lesquels nous concentrons nos efforts : la santé, l’éducation et l’environnement. Nous pensons que ce sont les trois piliers pour construire un avenir meilleur pour notre Grande Ile.
Dans les quartiers et les villes où nos projets sont implantés, nous avons réellement à cœur d’y construire « la vie », en rénovant des écoles, en y implantant des centres de santé, en y aménageant des espaces verts et en y améliorant la sécurité grâce à des dons de lampadaires par exemple…
Concernant l’éducation par exemple, nous ne nous contentons pas de construire ou de rénover des écoles, mais nous avons à cœur d’accompagner ces jeunes dans leurs études. C’est pourquoi, en 2021, nous avons offert 20 bourses d’études à des écoliers méritants des Ecoles Primaires Publiques, afin qu’ils puissent poursuivre leur parcours au collège et au Lycée.
Par ailleurs, j’ai créé le Fonds Yavarhoussen il y a quelques années pour promouvoir le talent des jeunes malagasy. En 2020, le Fonds Yavarhoussen a également ouvert Hakanto Contemporary, un lieu d’expression dédié aux artistes, afin qu’ils puissent vivre de leur art, et en faire profiter leurs contemporains. Dans cette même lignée, il y a quelques semaines, la Bourse Yavarhoussen dont le but est de stimuler la recherche sur l’histoire de l’Art et la culture à Madagascar durant les deux derniers siècles, a été octroyée à Tsiriniaina Hajatiana Irimboangy, jeune étudiant dont les recherches porteront sur le sujet « Le lamba, du vêtement traditionnel symbolique au vêtement manufacturier industriel ».

En bref, Madagascar a un potentiel humain et naturel immense ! Et à travers nos actions, nous souhaitons voir briller la Grande Ile à l’international.

 

*Précision : “en développement” signifie que Filatex porte le projet. « Commissionné » signifie qu’une opération est basée sur un contrat d’achat d’énergie (avec la Jirama par exemple).