Le programme SWIOFish a pour objectif d’améliorer la gouvernance et la gestion des pêches prioritaires au niveau régional, national et communautaire. Cette action multiforme concerne aussi bien les administrations publiques, que les opérateurs, les pêcheurs artisanaux et les communautés.

La Banque mondiale a confié à la Commission de l’océan Indien la gestion de la composante régionale de la première phase de ce programme d’un montant de 5 millions USD. Voici un aperçu des actions entreprises en Indianocéanie.

Comores
QUAND LA TECHNOLOGIE RENCONTRE LA PÊCHE ARTISANALE

Une gestion durable et responsable des ressources halieutiques nécessite une connaissance des stocks. Avec la pêche constituant un pilier économique (croissance, emploi, sécurité alimentaire), les ressources sont sous pression. Comment évaluer efficacement et rapidement l’état des stocks dans ce contexte ?

C’est dans cette optique que le projet SWIOFish1 a développé un système de collecte de données électroniques avec l’appui et l’expertise d’un consultant auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de la Banque mondiale (BM).

Un outil accessible, peu coûteux et efficace

L’open data kit (ODT) est une application mobile qui fonctionne avec une simple connexion internet. Elle est opérationnelle depuis janvier 2017. L’objectif : enregistrer et transmettre les données rapidement et efficacement. Onze enquêteurs ont été déployés : 5 sur la Grande Comore, 4 à Anjouan et 2 à Mohéli. À l’arrivée d’un bateau de pêche commence alors l’analyse. Espèce, taille et poids du poisson, zone de pêche et site de débarquement, type de bateau et immatriculation, mais aussi les quantités de carburant et de glace utilisées, toutes ces informations sont consignées.
Ces données sont analysées par la Direction générale des Ressources halieutiques afin d’établir des statistiques, servant notamment à prendre des décisions en matière de gestion des stocks. Nécessaires à l’application du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable, ces statistiques sont également communiquées au comité scientifique de la Commission des pêches du Sud-Ouest de l’océan Indien (SWIOFC) ainsi qu’à la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI), pour contribuer à une meilleure gestion régionale de la capture de ces espèces migratrices.

Madagascar
FAIRE RIMER PÊCHE ET SÉCURITÉ

La pêche n’est pas une activité sans risques. Chutes, naufrages, chavirages… et des conditions météorologiques parfois dangereuses occasionnant de fortes houles et un manque de visibilité, font partie des dangers liés à cette activité. Mais quand la pêche est source de revenus et d’alimentation, les risques pèsent moins lourd dans la balance. La raréfaction des poissons dans les zones côtières de Madagascar contraint les pêcheurs à s’aventurer au large pour pratiquer leur activité. La pêche en haute-mer devient alors une nécessité pour les pêcheurs malgaches, n’ayant d’autre choix que d’affronter les risques éventuels.

Face à cette réalité, le projet SWIOFish2, financé par la Banque mondiale, a fait de la sécurité des pêcheurs l’une de ses priorités. Pourquoi ? Car une meilleure sécurité en haute-mer contribue au développement économique dans le respect d’une exploitation durable et responsable des ressources halieutiques.

Distribution de kits de sécurité en mer pour minimiser les risques éventuels d’accidents

Dans le cadre du projet et sous tutelle technique du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP), 3 960 kits de sécurité en mer ont été distribués en septembre 2020 aux petits pêcheurs formalisés (ayant des cartes pêcheurs et membres dans les associations de pêcheurs se trouvant dans les Zones Ultra-Prioritaires (ZUP)). Ces derniers ont donc à disposition : gilets, miroirs réflecteurs et lampes de poche étanches d’une autonomie de 6 à 10 heures.
Une deuxième vague de distribution est prévue afin de fournir 11 000 kits supplémentaires.

SWIOFish2, un projet de gouvernance des pêches

En complément de ces kits, le projet SWIOFish2 œuvre aussi pour l’amélioration des conditions de vie mais aussi de travail : immatriculation de leurs pirogues, formation sur les techniques de pêche améliorée, distribution de matériel…

La Réunion
La France / Réunion engagée dans une coopération multiforme

La France, membre actif de la COI et des différentes organisations régionales des pêches (CPSOOI, CTOI, APSOI…), accorde une grande importance aux questions liées à la durabilité des activités de pêche et de développement des communautés littorales. Elle encourage les initiatives visant à promouvoir une pêche durable qui s’appuie sur des données scientifiques robustes.

Pêche durable

Dans le cadre du projet SWIOFISH soutenu par la Banque mondiale, les autorités françaises (DMSOI, CROSS, instituts de recherche) basées à La Réunion ont collaboré avec leurs homologues des pays voisins sous l’égide de la COI. En participant aux travaux du comité scientifique de la CPSOOI/SWIOFC, les scientifiques français ont permis d’améliorer la connaissance sur les espèces des écosystèmes côtiers du Sud-Ouest de l’océan Indien. La mise en place d’un groupe de travail sur les espèces démersales du Sud-Ouest de l’océan Indien, dans lequel les scientifiques français de la zone sont fortement investis, s’inscrit pleinement dans cette dynamique.

Sécurité et sûreté en mer

Les financements du projet SWIOFISH ont été mobilisés sur deux actions particulièrement importantes :

  • Le CROSS sud océan Indien (CROSS SOI), basé à La Réunion, a apporté un appui aux autorités comoriennes pour améliorer les conditions de sécurité sur les navires de pêche artisanale. Ces travaux ont consisté à tester des balises qui permettraient aux pêcheurs de signaler une avarie ou une détresse. Ces équipements, d’une utilisation simple, doivent désormais être déployés sur la flotte de pêche comorienne. Le CROSS SOI accompagne également ses homologues comoriens pour consolider le traitement des alertes et mettre en œuvre des moyens de recherche et de sauvetage en mer. Des exercices conjoints viennent parachever ce partage d’expérience.
  • Le patrouilleur des affaires maritimes OSIRIS a réalisé des missions de police des pêches conjointes dans le cadre du plan régional de surveillance des pêches (PRSP) de la COI afin d’assurer un niveau de contrôle élevé et homogène dans l’ensemble des eaux sous souveraineté des États du Sud-Ouest de l’océan Indien. Cette mission emblématique de la volonté commune des pays de la COI et de l’Afrique orientale est poursuivie par le programme ECOFISH financé par l’Union européenne avec le patrouilleur OSIRIS II.

SEYCHELLES
Blue Economy: 30% of the Seychelles EEZ classified as a conservation area

Important milestone for Seychelles…and blue economy! The successful disbursement of Blue Bond proceeds through the Blue Grants Fund of Seychelles Conservation and Climate Adaptation Trust has led to an unprecedented level of non-state actor engagement in science, education and awareness that underpin the key ocean governance processes in the country. Improved governance is critical to ensure that private sector investment in the blue economy is aligned with international standards for sustainability.

Strengthening of governance is being addressed at numerous levels

The national project for Seychelles (SWIOFish3) has focused on improved governance to meet the country’s ambitious agenda for enhancing marine conservation and transitioning to sustainable fisheries while providing opportunities for investment in the blue economy. SWIOFish3 has promoted the development of policies and legislation for fisheries and coral reef conservation, as well as the structuring of management frameworks for marine protected areas. In addition, project resources are being deployed to strengthen the capacity of fisheries co-management institutions and improve information and decision-making tools.

Did you know? Blue Bond is an innovative financial mechanism

The Republic of Seychelles has launched the world’s first sovereign blue bond, an innovative financial mechanism intended to support sustainable marine and fisheries projects. It is in fact a debt swap in favor of the conservation of 30% of its marine environment.

MAURICE
Évaluation des stocks : former pour exploiter durablement les ressources halieutiques

Le renforcement des capacités des agents de pêche fait partie des axes prioritaires de SWIOFish. Tous les pays membres de la Commission des pêches du Sud-ouest de l’océan Indien (SWIOFC) ont donc bénéficié d’un appui du projet pour la formation des agents.

À Maurice, 10 agents des pêches ont bénéficié d’une formation organisée par le projet, avec l’appui de la FAO, du SWIOFC et d’un coordonnateur technique.

Trishna SOOKLALL, agent scientifique revient sur son expérience :

« Le SWIOFC m’a offert une expérience enrichissante. J’ai eu l’opportunité de présider deux réunions scientifiques régionales en 2019 et en 2021. J’ai acquis des connaissances et de l’expérience sur la façon de planifier et de conduire une réunion scientifique dans les temps et efficacement. J’ai également pu développer mon aisance dans la prise de parole. Nos agents de pêche ont été en mesure d’évaluer leurs pêcheries en termes de stocks halieutiques grâce aux réunions du groupe de travail. Ces réunions constituent un cadre adéquat pour former nos agents aux principes du « poids de la preuve » et de « l’analyse de la susceptibilité de la productivité (PSA) » appliquées aux certifications de suivi et contrôle des pêches. »

L’importance du partage de données

Chaque pays du SWIOFC partage ses données sur les stocks de poissons démersaux (capitaine) et petits pélagiques (sardines). Ce partage d’informations permet d’avoir une meilleure connaissance de l’état des stocks et, à terme, vise à assurer la durabilité de ces ressources halieutiques.