Sheila Ujoodha, directrice générale du MlOD (modératrice) – Amédée Darga, directeur général du cabinet StraConsult – Aruna Radhakeessoon, présidente du NCCG – Arnaud Lagesse, CEO du groupe IBL.
(Jane Valls, ,directrice exécutive du GCC Board Directors Institute, a également participé en Webinar depuis Dubai).

photo : DR

L’Institut Mauricien des Directeurs (Mauritius Institute Of Directors – MIOD) a organisé son premier événement de réseautage le 20 janvier dernier.
L’occasion de faire le point sur le contexte actuel et de mettre quelques coups de pieds dans les fourmilières. Extraits.

La table ronde, organisée sur le thème «La gouvernance d’entreprise à l’ère post COVID» a réuni une bonne centaine de décideurs politiques, chefs d’entreprise et journalistes à Port-Louis.
Si le constat que la crise économique, politique et sociale, a bien touché Maurice comme la plupart des pays dans le monde, les réponses apportées localement ses sont révélées riches d’enseignement. A commencer par l’intervention de premier entrepreneur du pays Arnaud Lagesse : « la crise a été l’occasion de réinitialiser la pendule et confirmer ce que nous savions déjà : que sans une gouvernance irréprochable, une entreprise ne peut pas évoluer. Cette remarque peut être faite également au Gouvernement, et je refermerai là cette parenthèse… »
Une parenthèse que l’économiste Amédée Darga (ex président de l’organisme d’Etat Enterprise Mauritius) ne s’est pas gêné de rouvrir en ces termes : « si le miracle mauricien a pu se produire c’est grâce à de bons entrepreneurs épaulés par de bonnes institutions… Aujourd’hui on a l’impression que les institutions ne sont pas aussi efficaces et il n’y a qu’à voir qui est présent à cette réunion aujourd’hui » posant ainsi la question à l’assistance d’où 5 mains timides de fonctionnaires ont pu être identifiées !

« Dans le privé le management est une question de performance alors que dans le public c’est un moyen de conserver son poste »

L’économiste, remonté comme un coucou réinitialisé à l’horaire de la crise, continuât sa diatribe en ces termes : « si les régulateurs étaient vraiment indépendants nous n’aurions pas été blacklistés (par l’UE à propos des services financiers NDLR)… les politiques ne doivent pas interférer dans la bonne régulation des lois établies ». Rappelant au passage la règle de la vraie vie en entreprise : « Les entrepreneurs sont obligés de suivre la bonne gouvernance pour une question de survie alors que ce principe est souvent inconnu des pouvoirs publics… Au niveau des boards (bureaux ou conseils d’administrations NDLR), on peut dire que dans le privé le management est une question de performance alors que dans le public c’est un moyen de conserver son poste ! »
Aruna Radhakeeson, intervenant au titre de présidente du National Committee on Corporate Gouvernance, précisait au passage que « le NCCG est là pour donner aux responsables d’Institutions publiques tous les outils visant à la bonne gouvernance » indiquant dans la foulée l’organisation d’un atelier de travail sur la gouvernance en février prochain.
Une remarque que le bouillonnant Amédée Darga ne tarda pas à commenter à nouveau : « ce qui est important c’est que les directeurs soient nommés par les boards des institutions et non pas directement par les ministres » soulignant ainsi ce qui, à ses yeux, est le principal frein à la bonne gouvernance publique. Pour Arnaud lagesse : « nous renouvelons chaque année des postes de directeurs dans nos différentes sociétés et si tous les CV sont acceptés, seul le critère de la compétence pour le poste est déterminant »
Dans l’assistance Mathieu Mandeng, CEO de la Standard Chartered bank, faisait alors une remarque pertinente en citant le diplomate français Talleyrand : « quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console », rappelant ainsi la bonne place de Maurice dans le classement africain auquel la petite île pourrait servir de modèle en parlant de « mutual benefits ».
Une note d’optimisme qui permit alors de conclure ce premier débat riche en enseignements sur le même ton : « avec une bonne gouvernance, nous pouvons aller très loin. Travaillons tous dans ce sens » précisait Arnaud Lagesse.
« Il est temps d’appliquer ces principes aux petites et moyennes entreprises aujourd’hui qui sont un peu oubliées… » devait rappeler Amédée Darga.

Jacques Rombi

 

*Le Comité national de gouvernance d’entreprise

Créé suite à la loi de 2004 sur l’information financière (loi no 45 de 2004) et entré en vigueur le 20 janvier 2005. L’objectif principal de la loi était de créer un organe central fort et efficace chargé de superviser l’information financière, la comptabilité et l’audit des entreprises, normes et pratiques et gouvernance d’entreprise à Maurice. L’article 63 de la loi a établi le «Comité national sur la gouvernance d’entreprise» (NCCG) en tant qu’organe national de coordination responsable de toutes les questions relatives à la gouvernance d’entreprise.