La transformation du secteur manufacturier passe par l’adoption de modes de production et de consommation durables. C’est le contexte dans lequel l’Association of Mauritian Manufacturers a lancé, depuis 2021, Lindistri Dime (l’industrie demain NDLR) un programme unique pour transformer secteur manufacturier. Le HRDC soutient financièrement l’AMM dans cette démarche. Lindistri Dime propose aux manufacturiers mauriciens des parcours portant sur des thématiques innovantes et nécessaires, favorisant leur montée en compétences d’un point de vue technique, opérationnel et stratégique.

«Nous devons apprendre à produire autrement»

Shirin Gunny, CEO de l’AMM et du Made in Moris, rappelle la pertinence du programme Lindistri Dime : « La question de l’économie circulaire occupe une place centrale dans la mission de l’Association of Mauritian Manufacturers et du label Made in Moris. Nous le savons : nous devons apprendre à produire autrement. Lindistri Dime, avec le soutien du HRDC, nous permet de chercher des expertises utiles à notre base industrielle dans la région Océan Indien et ailleurs. Nos membres et nos marques sont engagés pour le territoire et se sentent responsables des bonnes pratiques entrepreneuriales et industrielles. Nous sommes heureux, cette année, d’ouvrir les inscriptions à des entreprises qui ne sont pas dans notre réseau. Ce programme renforce, sans aucun doute, la compétitivité de nos entreprises et devrait rendre l’industrie locale plus attractive pour les jeunes. »

Le programme Lindistri Dime repose sur trois parcours : l’éco-conception, la gestion durable de la chaîne d’approvisionnement et l’usine du futur à travers l’automatisation et ses technologies nouvelles. Lindistri Dime se termine avec le troisième parcours – L’industrie du futur – qui est lancé ce mois de février. Ce dernier parcours se focalisera sur la transition digitale, technologique et responsable pour le secteur manufacturier.

Les enjeux liés au développement durable devenus primordiaux.

Samuel Maujean, Excellence Operational Manager de l’AMM, est le directeur du programme Lindistri Dime depuis 2021. Il explique l’importance du parcours
« L’industrie du futur » pour le secteur manufacturier mauricien. « Aujourd’hui, les industriels mauriciens connaissent des difficultés majeures liées à l’accès à la main d’œuvre.» Cette problématique a été au cœur de notre réflexion pour la conception du parcours L’industrie du futur. Ce sera d’ailleurs notre fil rouge. Aujourd’hui, les entreprises cherchent à minimiser cette menace sur leurs opérations. L’adoption de l’automatisation sur les chaînes de production représente une réelle solution.  D’autre part, la tendance globale incite aussi les entreprises à s’adapter pour faire face aux enjeux économiques telle que la concurrence féroce à l’international, mais aussi à ceux du développement durable devenus primordiaux. Pour ces raisons, il est plus que pertinent pour les entreprises de s’engager dans des initiatives collectives telle que celles proposée par l’AMM pour soutenir le secteur.»

Entre 2021 et 2023, plus d’une trentaine d’entreprises de l’AMM et du Made in Moris ont suivi les deux premiers parcours à chaque reprise – Eco-conception avec le cabinet Qualitropic, pôle d’innovation. Il s’agissait d’un accompagnement en matière d’éco-conception des produits et des emballages. Ensuite, les entreprises ont suivi le deuxième parcours Gestion durable de la Supply Chain pour concevoir une chaîne d’approvisionnement plus durable et penser les achats différemment et responsablement. Ce parcours était assuré par l’agence BuyYourWay qui a mis l’accent sur les dimensions économique et écologique d’une supply chain.  Ces deux premiers parcours ont permis d’alimenter la réflexion des entreprises et d’identifier des pistes de progression et de collaboration. A ce jour, il y a plus d’une vingtaine de projets collectifs et individuels identifiés.

L’inscription au troisième et dernier parcours – L’industrie du futur – est ouverte à toutes les entreprises, même celles hors du réseau de l’AMM. Samuel Maujean déclare : « Ce parcours – L’industrie du futur – s’adresse ainsi à tous types d’industries faisant face à des difficultés et qui auraient besoin d’aiguillage. Mais aussi à celles qui souhaiteraient passer à l’étape supérieure, aussi bien du côté des opérations que de la logistique. Dans les deux cas, elles bénéficieront des conseils du cabinet d’ingénierie Ekium, qui pourrait éclairer ou conforter les capitaines d’industries dans leurs stratégies à court ou à plus long terme.»

Ce parcours est organisé en deux phases : collective et individuelle. Les entreprises participantes seront amenées à suivre, en collectif, cinq modules sur les thématiques suivantes : «Digitalisation & Collaboration» ; «IoT & Information Capture ; Mesurer, analyser, Informer et piloter : De l’instrumentation au Big Data Analysis» ; «Automatisation & Robotique» et «Décarbonation : Energy Management, améliorer et optimiser la consommation (Management & Bonnes practices)». Dans une phase individuelle, 24 entreprises seront sélectionnées pour un accompagnement individuel afin d’avancer dans le développement de projets spécifiques ou pour agir sur des enjeux communs à un cluster d’entreprises.

Samuel Maujean souligne : «Avec ce troisième parcours, nous nous concentrerons sur la montée en compétences des manufacturiers locaux d’un point de vue technique, opérationnel et stratégique, dans le but de permettre aux entreprises participantes de croître de manière saine quel que soit leur contexte. Les grands principes de l’usine du futur seront étudiés pour tendre vers une industrie résiliente et performante, mais aussi vers une industrie plus respectueuse de l’environnement. Pour cela, l’accent sera mis sur les technologies d’avenir, ajustables, évolutives et modulables, permettant aux diverses entreprises de se sentir à l’aise et concernées par le sujet.»

Ce troisième parcours sera animé par Ekium AMIO Ltd qui fait partie du groupe Ekium, société d’ingénierie multi sectorielle, qui accompagne ses clients dans leur stratégie industrielle, la conception de leurs équipements et bâtiments, le pilotage de la production et la maintenance des installations. Les participants repartiront avec un livre blanc présentant les bonnes pratiques innovantes sur la thématique du parcours, ainsi que les modalités d’initiation de projets internes pré-identifiés. Les entreprises sélectionnées pour la phase individuelle se verront remettre des rapports axés sur leurs problématiques spécifiques.

«Développer de nouveaux produits et rester à la pointe de la concurrence».

Le groupe Ekium envoie, auprès de l’AMM, un trio d’experts soigneusement choisis :  Denis Bouteille, directeur d’agence, expert en Automatisation, Digitalisation et Décarbonation (France); leur Chief Innovation Officer, Omer Akdeniz, expert en Robotique, Automatisation et Digitalisation (France) et Shahnawaz Hossenbaccus, Senior Project Manager (Maurice), expert en Captage d’informations et en IOT. Ils expliquent que la transition technologique est un enjeu essentiel pour les industriels mauriciens. «Cette transition offre de nouvelles opportunités pour améliorer les processus de production, développer de nouveaux produits et rester à la pointe de la concurrence. Elle forme partie d’un champ de transition plus large que l’on appelle en langage technique “la performance industrielle”, qui favorisera la recherche et le développement dans plusieurs secteurs. Ceci contribuera alors à renforcer la compétitivité au niveau international ainsi que leur capacité d’adaptation aux changements mondiaux. Les entreprises qui adoptent rapidement les nouvelles technologies sont mieux préparées à faire face aux changements rapides dans l’économie mondiale.»

Ils soulignent que le parcours «L’industrie du futur» est nécessaire pour la transformation du secteur manufacturier. «Bien que certaines tâches puissent être automatisées, la transition technologique peut également transformer ou créer de nouveaux emplois dans ces domaines tels que la conception, la maintenance et la programmation des nouvelles technologies. Cette formation permettra aux industriels de voir des exemples d’applications concrètes de ces nouvelles technologies tels que l’automatisation, l’intelligence artificielle, l’internet des objets (IoT) et ainsi s’en inspirer pour les reproduire chez eux. Elle leur permettra également de comprendre les enjeux de la décarbonation de leur industrie et, pour certains, démarrer des projets pilotes, avant de les déployer à une plus grande échelle.»

Afin d’approfondir la démarche de Lindistri Dime, l’AMM et le Made in Moris accueilleront prochainement un ingénieur en bioéconomie pour redynamiser la réflexion autour de l’écoconception pour le secteur manufacturier et enclencher la mise en œuvre de projets issus du premier parcours Eco-conception.

Les entreprises intéressées à suivre le parcours L’industrie du futur de Lindistri Dime ont jusqu’au 23 février pour s’inscrire auprès de l’AMM.