La Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai dernier a été une nouvelle occasion pour les professionnels des médias de la Grande île d’attirer l’attention sur la nécessité de défendre les acquis de la liberté d’expression dans le pays.

« La liberté de la presse et la liberté d’expression, c’est une lutte de longue haleine. Elles ne sont pas entièrement acquises », a affirmé le président de l’Ordre des journalistes de Madagascar, Gérard Rakotonirina, après avoir déposé une gerbe sur la stèle de la liberté de la presse à Soarano.
En marge de la cérémonie, les discussions sur une velléité de « censure » au niveau des médias audiovisuels dans le pays ont ressurgi. Un peu plus d’une semaine avant la journée de la liberté de la presse, dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire, une décision interministérielle a, en effet, interdit les émissions de débats politiques et celles comportant des interventions téléphoniques en direct sur une dizaine de stations de radio et de télévision malgaches. La décision interministérielle parle d’émissions « susceptibles de troubler l’ordre et la sécurité publics et nuire à l’unité nationale ».

Restreindre la liberté d’informer

La décision a cependant très vite suscité un tollé général, poussant le gouvernement à ouvrir des discussions avec quelques représentants des médias concernés directement. Six stations sont de nouveau autorisées à reprendre leurs émissions. Trois stations audiovisuelles proches de l’opposition ont attaqué la décision en Justice. L’Ordre des Journalistes et des associations de la société civile ont également saisi le Conseil d’Etat.
Pour sa part, Reporters sans Frontières (RSF) a affirmé, par la voix du responsable du bureau Afrique, Arnaud Froger, que « la crise sanitaire ne peut servir de prétexte pour restreindre la liberté d’informer a priori. Empêcher les journalistes de travailler et le débat critique d’avoir lieu à titre préventif relève de la censure et répond à des objectifs de communication, pas de lutte contre l’épidémie ». RSF a aussi appelé les autorités à « lever la suspension de toutes les émissions visées sans exception et sans condition et à laisser les journalistes et médias travailler librement sans restriction d’accès aux informations ou à leurs sources concernant l’épidémie de Covid-19».

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