Après quatre années de recherches et d’actions sur le terrain, l’IRD* a présenté le 12 avril dernier lesrésultats du projet de valorisation pour l’aménagement de la pêcherie du crabe de mangrove àMadagascar. Un secteur économique majeur dans la grande île et qui bénéficie également au territoire réunionnais.

Au départ, la pêche de mangrove est une activité de pêche secondaire destinée à la consommation àl’intérieur de Madagascar. Dans les années 1980, sa consommation s’est étendue à l’ensemble du pays. Puisen 2013-2014, les exportations vont bondir, l’exportation de crabes notamment vers la Chine étant devenueprédominante, mettant en péril la ressource. Pour répondre à la demande du marché, les captures ont étémultipliés par 10, même si les techniques de pêches restaient traditionnelles.
Lancé en 2019, le projet CORECRABE, qui bénéficie d’un soutien de l’Union Européenne, de la RégionRéunion et de l’Etat, au travers des fonds INTERREG, a pour objectif de développer de manière progressive unegestion concertée de la ressource à Madagascar en lien avec plusieurs acteurs économiques etinstitutionnels. Le projet CORECRABE intervient dans les principales zones de Mangroves du pays ou de seconcentre l’exploitation du crabe à savoir Ambanja, Mahajanga, Morondava et Morombé/Toliara.

Valorisation de l’expertise et des capacités scientifiques malgaches.

Le projet poursuit 3 objectifs scientifiques. En premier lieu, la mise à jour du diagnostic de la filière réalisé par leprojet Smartfish (COI/UE), en évaluant les changements intervenus dans la filière depuis 2012 et leurs impactssur les plans économique, écologique, social et institutionnel aux échelles locales, régionales et nationales ; unimportant dispositif de suivi participatif de la pêche a été mis en place avec le réseau des femmes RENAFEP-MADAGASCAR depuis fin 2020 et un suivi collaboratif avec 4 sociétés d’export est en cours.
Deuxièmement, la mise en œuvre d’une stratégie collective (synergies) et d’outils pour accompagner unegestion durable de la pêcherie et de la filière. Le projet a permis de communiquer l’information sur la dynamique despêcheries et de mieux coordonner les actions des acteurs privés et publics malgaches (administrations régionales des pêches, organisations de recherches et ONG, communautés locales, réseaux/plate-forme, etc.) à l’échelle régionale dans ces zones de production.
Enfin, la valorisation de l’expertise et des capacités scientifiques malgaches en matière de pêche côtière. Le projet a renforcé les capacités de recherche des institutions malgaches dans le domaine halieutique (enparticulier sur la filière crabe de mangrove), et les a valorisées auprès des institutions chargées de la pêche et del’écologie d’une part, et auprès des opérateurs privés et des communautés locales d’autre part.
Après quatre ans de recherches, les chercheurs de CORECRABE ont présenté le fruit de leurs travaux lors d’un séminaire de restitution, le 12 avril dernier en présence de chercheurs réunionnais et malgaches. Cetterestitution fait suite à un premier atelier qui a eu lieu les 17 et 18 novembre derniers à Madagascar. Le but était dediffuser et discuter les principaux résultats de recherches menées sur la pêcherie de crabes de mangrove et sur la filière depuis 2020, proposer des pistes d’action pour répondre aux principaux problèmes liés à la gestion desressources, engager les acteurs politiques, scientifiques et la société civile dans une démarche de recherchecollaborative pour le suivi et l’évaluation des petites pêcheries.

*Institut de Recherche pour le Développement (France).