L’agriculture innovante gagne du terrain en Afrique. Progressivement, le mouvement se fraie un chemin sur la Grande Ile dont le monde agricole reste encore caractérisé par son archaïsme.

Photo (Jeanni Fidy) : L’innovation était au centre des débats de la dernière Foire Internationale de l’Agriculture (FIA) dans la capitale malgache.

 Selon les organisateurs de la Foire Internationale de l’Agriculture (FIA), qui s’est tenue du 22 au 25 Septembre derniers au Parc des Expositions Forello Tanjombato, à Antananarivo, l’innovation dans l’agriculture commence à monter en puissance grâce notamment à l’émergence de jeunes entreprises comme Madagascar Agricultural (MGA).
Société spécialisée dans la production agricole et de services à l’agriculture implantée dans la région d’Ankazobe, au nord-ouest de la capitale, MGA exploite un site qui s’étend sur plus de 200 hectares où sont cultivés principalement des céréales, des plantes à huile essentielle, ainsi que des arbres dans un système agroforestier. Mais l’entreprise se positionne aussi en tant qu’accompagnateur des organismes et des particuliers voulant se développer dans la filière agriculture innovante et écologique. Ainsi, sa branche baptisée Madagascar Agricultural Sustainable Impact intervient dans l’implémentation des nouvelles technologies dans l’agriculture verte de la Grande Ile.
On sait en outre que MGA s’investit dans l’Agritech pour améliorer perpétuellement ses processus de production et contribuer concrètement à une agriculture durable. Elle soutient aussi les innovations initiées par les acteurs du secteur eux-mêmes, allant des paysans jusqu’aux startups. L’entreprise est désormais active dans les régions de Mahajanga, Toliara, Ambatondrazaka et Brickaville. « Mais Madagascar Agricultural c’est surtout un réseau humain de partenaires, de fournisseurs, de représentants locaux et d’organisations paysannes qui collaborent ensemble dans une relation de confiance », a-t-on aussi souligné.

Les champs écoles se multiplient.

D’autres initiatives évoluent également sur le terrain de l’agriculture innovante à l’instar de Drone for development(D4D), une jeune entreprise qui utilise les drones pour diverses activités liées à l’agriculture, l’environnement, l’hydrologie et la foresterie à Madagascar. « Les études de terrain via le drone permettent de faciliter l’analyse des terres et de l’environnement, via des prises de photos à partir d’un appareil piloté par des dronistes. La numérisation, l’analyse spatiale et les recommandations sont, par la suite, faites par des experts en agriculture et en foresterie », a expliqué Samuel Andrianjafy, chargé de communication chez D4D.
Du côté de Malakass aussi, on parie sur l’innovation appliquée à l’agriculture. Cette jeune société se donne pour mission de contribuer au développement de la filière paysanne du manioc dans la région Atsimo-Andrefana de Madagascar, grâce à l’implantation d’une usine aux standards internationaux, permettant de transformer le manioc en farine de haute qualité, certifiée bio et équitable. Le produit est destiné à la fois au marché local et international, notamment les grands importateurs européens, demandeurs de ce produit à haute valeur ajoutée, sans gluten, et utilisé à la fois en boulangerie et pâtisserie.
On remarque en outre que les projets soutenus par les bailleurs de fond institutionnels promeuvent l’entreprenariat agricole innovant. Ainsi, le programme Defis (Développement de filières agricoles inclusives) met en valeur près de 9 000 ha de rizières et de champs de maïs dans les régions Amoron’i Mania, Haute Matsiatra et Ihorombe, pour accroitre les rendements et moderniser les techniques agricoles. Le programme, financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) à hauteur de 136,5 millions de dollars, coopère avec une dizaine d’Organisations Paysannes (OP) pour soutenir les producteurs. Pour cela, 160 champs écoles paysans pour le riz et 80 champs écoles pour le maïs sont déjà mis en place, accompagnés d’une dotation de matériels et d’intrants agricoles (charrues, semences, engrais, sarcleuses, herses…).

Deux fois plus de riz à l’hectare.

Le rendement à venir est estimé à 2 tonnes par hectare pour le maïs et 4,5 tonnes à 6 tonnes par hectare pour le riz contre 3 tonnes par hectare auparavant. Selon les responsables du projet, les OP sont chargées de la réalisation des actions afin d’atteindre les objectifs. Ce sont eux qui sont les responsables de la gestion des finances, du choix du terrain et les paysans modèles, de l’application de l’itinéraire, et de l’appui technologique des 5 000 paysans concernés.
Le programme comporte un volet formation sur la gestion financière, l’étude des coûts, les prêts et épargne, le marketing et la pratique de l’agribusiness moderne. Les paysans bénéficiaires, dont de nombreux jeunes cultivateurs, sont appelés à devenir des «agripreneurs» (néologisme combinant agriculteurs et entrepreneurs NDLR) à même de produire leurs propres semences en quantité suffisante pour être entièrement indépendants et de s’approprier les nouvelles technologies susceptibles de booster leur activité.

Par Liva Rakotondrasata