Alors que l’ACNUSA (Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires) vient de rendre un rapport sans appel confirmant que La Réunion est soumise de manière insupportable aux nuisances sonores des hélicoptères et qui impose aux services de l’Etat une réponse forte pour réguler et restreindre l’usage, un dirigeant d’une compagnie d’hélicoptères a décidé de provoquer les Réunionnaises et les Réunionnais qui n’en peuvent plus de tout ce bruit en leur proposant de déménager !

La réaction de cet opérateur illustre bien le mépris total des sociétés de tourisme aérien pour la population réunionnaise, indifférentes aux souffrances de ceux qu’ils survolent. Que Mafate Hélicoptères demande aux Mafatais de déménager, on ne peut pas faire pire, alors que cette société a été créée à l’époque pour désenclaver le cirque de Mafate et être au service des Mafatais.
Aujourd’hui hélas les opérateurs aériens sont devenus des chefs d’entreprises avides de croissance et de chiffre d’affaires, tout en se cachant derrière l’alibi de l’aide aux Mafatais. Or ce sont les survols touristiques qui représentent la plus grande part de leur chiffre d’affaires, et qui est aussi la plus grande source de pollution sonore pour la population de l’île, et pour la faune de nos montagnes.

Le tourisme aérien finira par tuer le tourisme.

Contrairement aux idées reçues, ces survols qui contribuent à la pollution atmosphérique et à la destruction de notre biodiversité, ne sont pas essentiels ni à notre économie (très peu d’emplois) ni au tourisme. C’est au contraire le développement du tourisme qui a entraîné celui des opérateurs aériens ! Le bond du tourisme à la Réunion a suivi la création du Parc National et l’attribution du label Patrimoine de l’Unesco. Les opérateurs ont profité de l’aubaine pour doubler voire tripler leurs flottes, créer de nouvelles hélisurfaces, démultiplier leurs prestations (circuits courts lagon et cirques, transports vers hôtels ou golfs, héli-carris dans nos rivières, etc), inondant la Réunion de survols jusqu’à créer un véritable mouvement de colère parmi la population.
Les touristes eux-mêmes sont loin d’approuver cette évolution : pour quelques-uns satisfaits (5% prennent l’hélico ou l’ULM), 100% sont pollués, et beaucoup d’entre eux attirés par les labels Parc National et Unesco ne comprennent pas qu’on puisse tolérer ce niveau de pollution sonore dans ces espaces naturels remarquables et soi-disant protégés. Le tourisme aérien finira par tuer le tourisme.
Il est temps de rendre aux Réunionnais leur quiétude et leur qualité de vie. Différentes propositions destinées à réguler l’activité ont été rédigées et transmises aux pouvoirs publics par plusieurs associations dont Kolair974. Nous comptons sur le nouveau préfet pour se saisir du problème et travailler à des solutions concrètes.

Vincent Defaud
Membre du Conseil National et référent Outre-mer de Génération Ecologie
Porte-parole départemental et référent Ouest de Génération Ecologie La Réunion

Source : LIBRE EXPRESSION // Parallèle SUD