Vue du port de Moroni (photo J.Rombi)

Les aléas liés aux nouvelles routes des compagnies maritimes, font que les rotations vers l’archipel comorien sont de plus en plus aléatoires. Le port de Moroni en Grande Comore, est en attente du prochain navire de la CMA-CGM, principal fournisseur du pays en produits surgelés qui ne passe plus qu’un fois par mois.

On a là le résultat cruel de décennies de manque d’anticipation : une dépendance quasi exclusive des aides financières des bailleurs de fonds, toujours pour parer au plus pressé. Ces aides sont complétées par la manne financière d’une forte diaspora, essentiellement établie en France (Mayotte, La Réunion et Marseille en Métropole) qui envoie quelques 150 millions d’euros chaque année au pays.
Résultat : aucune industrie de transformation, aucune production agricole vivrière (ou si peu), et une dépendance quasi totale des approvisionnements extérieurs.
C’est depuis l’île d’Anjouan, qui dispose de plus importantes zones de stockage portuaire, que des solutions d’urgence sont trouvées au quotidien.
Ces solutions se nomment “kwassa”, du sobriquet qui désigne les pirogues en plastique habituellement dédiées au transport de passagers clandestins vers Mayotte, et qui sont détournées de leurs morbides desseins (les naufrages sont fréquents) pour acheminer des denrées alimentaires surgelées.
Ces denrées ont bien souvent le temps de décongeler pendant la traversée (3 à 5 heures de navigation en plein soleil), avant d’être recongelées à leur arrivée !

Bacoco Saïd