De G à D et de haut en bas : Mickaël Apaya – Jacqueline Sauzier – Jean-Claude de L’Estrac –
Michel De Spéville.

photos : J.Rombi

Le Charles Telfair Centre est une initiative de Charles Telfair Campus* qui va réunir régulièrement des personnalités du monde de la recherche et des opérateurs des secteurs privés et publics. Cet espace de réflexions (ou Think Tank pour suivre l’expression en vogue), permet de débattre de problématiques économiques pour Maurice et sa région.

Pour cette première édition qui s’est tenue le 25 novembre dernier, sa première table ronde portait sur le thème « COVID et la Résilience Energétique et Alimentaire ».
Une édition inaugurale et qui vient en même temps conclure une série d’articles intitulée « Shaping Mauritius Future Post-COVID 19 » initiée dès mai 2020. À travers une série de 13 articles originaux publiés sur le site Web du centre, la série a abordé une variété de sujets liés à la COVID, y compris la transformation numérique, l’éducation, les politiques économiques et la gestion des risques.

Pour nourrir le débat et les discussions, un universitaire : Jaime de Melo, économiste de l’Université de Genève et deux praticiens : Jacqueline Sauzier de la Chambre d’Agriculture de Maurice et Mickaël Apaya de Business Mauritius ont pu décortiquer les complexités des réalités alimentaires et énergétiques à Maurice et explorer les opportunités à venir. L’événement était animé par Jean-Claude de L’Estrac, journaliste, entrepreneur, ex SG de la COI.

« COVID et la Résilience Energétique et Alimentaire »

Les tensions et les difficultés dans la distribution alimentaire et énergétique auxquelles Maurice a été confrontée durant le confinement ont relancé les débats autour de la résilience et de l’autosuffisance.
Jacqueline Sauzier rappelait avec pertinence que “si nous importons 70% de nos besoins alimentaires, c’est bien que notre réseau local n’est pas structuré. Ce réseau est constitué à 80% de petits planteurs qui pour la plupart travaillent dans l’informel. Dés lors comment avoir des données vraiment fiables par exemple sur les réseaux de distribution ?” Une urgence de formalisation devenu cruciale avec la remise en question des circuits mondialisés.

L’estimation de la superficie dédiée à la production locale serait de 7500 hectares produisant bon mal an quelques 93000 tonnes. Un ratio respectable mais qui, même en évoluant, ne répondra pas à une grosse demande : celle des produits halieutiques. Comment expliquer que le plus gros poste d’importation agroalimentaire soit constitué par les poissons et crustacées alors que nous sommes une île ? questionnait la Présidente, également prsidente de la Mauritius Marine Conservation Society.

Glissant sur le débat lié à notre dépendance énergétique, Mickaël Apaya rappelait de son côté que le Covid a forcé la planète à baisser ces émissions de CO2 de 5 à 7%, les objectifs de la Conférence de Paris. Sur Maurice, il faut bien relativiser le contexte néanmoins : “on a tendance à croire que les émissions toxiques sont le fait des transports, alors que c’est la production énergétique qui émet 59% de CO2 dans le pays à cause de son utilisation de charbon alors que les transports utilisent des énergies fossiles, certes, mais plus propres comme le g-fuel et l’essence…”
Le coeur de la problématique aujourd’hui étant de définir un cadre régulateur pour garantir la continuté de la production sucrière et donc de la bagasse : “si la bagasse n’est pas maintenue, l’obh-jectif des 40% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique ne sera pas atteint en 2030, le schéma serait caduque…”
D’où l’intérêt de développer ce genre de think tank, laboratoires d’idées où les acteurs du pays et de l’étranger pourront y développer des solutions… rapidement comme devait le souligner Michel de Spéville fondateur de Food and Allied Limited (groupe Eclosia) en conclusion : “assez discuté, il faut agir désormais. Pour la production agricole ou l’énergie, nous avons des atouts liés à notre insularité, il faut les valoriser avec des leaderships.” C’est tout le rôle de l’Institut Charles Telfair dont le groupe Eclosia est un des principaux soutiens : créer des dynamiques pour valoriser les ressources locales.

*Le Centre Charles Telfair est une organisation indépendante, non-partisane et sans but lucratif dirigée par un comité de rédaction.

Une centaine d’invités étaient présents le 25 novembre dernier au Charles Telfair Centre