Plus de 3700 tonnes de déchets dangereux et non dangereux, soit une centaine de conteneurs au départ de La Réunion vont être acheminés en ligne directe vers Le Havre à des fins de traitement dans le respect de la réglementation. Le Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion (SICR) en collaboration avec Mer Union, l’État, la DEAL, l’UMIR, le GPMDLR ainsi que l’ensemble des opérateurs et logisticiens ont travaillé de concert afin depouvoir affréter un navire financé à 100% sur fonds privés, notamment grâce aux éco-organismes en charge de collecter l’éco-contribution permettant la prise en charge de certains types de produits usagés en fin de vie.

Cette opération, destinée à se renouveler et se pérenniser dans le temps, permet de déstocker l’île d’une part importante de déchets accumulés depuis 2021, les séquelles de la désorganisation du trafic maritime post-covid se faisant encore ressentir. Depuis, les compagnies maritimes soucieuses de sécuriser leurs lignes maritimes se sont organisées pour permettre l’exportation de déchets, Mer Union permet d’affréter un bateau direct vers l’Hexagone. Cette liaison directe évite ainsi de solliciter l’autorisation des pays de transbordement conformément à la Convention internationale Bâle, qui interdit l’export de déchets dans les pays non OCDE.
Le SICR, qui facilite l’exportation des déchets en collaboration avec les éco-organismes qu’il représente, Mer Union et toutes les parties prenantes impliquées, a pu le 22 novembre dernier présenter le BBC Norfolk, le navire de Mer Union affrété qui transfèrera des déchets dangereux et non dangereux en ligne directe jusqu’au Havre. Le navire restera toute la semaine à quai,le temps de pouvoir décharger les marchandises à bord et charger les conteneurs de déchets.
Les représentants des médias ont eu l’opportunité de découvrir le bateau affrété par la compagnie Mer Union pour cette opération.
Lors de la conférence de presse et de la tournée médiatique qui a suivi la présentation du navire au grand port maritime de La Réunion, le président du SICR, Philippe Alexandre REBBOAH, a tenu à souligner le travail collectif aboutissant à ce résultat : “La grande différence avec le précédent bateau de 2022 réside dans le fait que cette année, nous avons trouvé une solution d’affrètement permettant d’exporter à la fois des marchandises diverses et des déchets, dans un contexte de baisse du coût du fret. Cette solution se concrétise aujourd’hui avec la présence du BBC Norfolk qui repartira à la fin de la semaine (début décembre NDLR) avec à son bord plus de 3700tonnes, dont 1900 tonnes de déchets dangereux et 1800 tonnes de déchets non dangereux.
“La part des REP correspond à 1900 tonnes de déchets, dont 1400 tonnes de REP dangereux et 500 tonnes de REP non dangereux. Il a également rappelé la nécessité de s’adapter et d’anticiper les éventuelles désorganisations du trafic maritime des déchets, en insistant sur les défis majeurs pour l’ensemble des acteurs économiques de notre territoire.

“Seul on ne peut rien changer, alors qu’ensemble nous sommes une force qui compte»

En réponse à ces défis, le SICR a joué son rôle de facilitateur pour mettre en place ce projet en synthétisant l’ensemble des volumes des opérateurs de déchets souhaitant participer et en coordonnant attentivement le suivi de l’opération d’affrètement d’un bateau et de l’exportation des déchets en vue de leur traitement : «Seul on ne peut rien changer, alors qu’ensemble nous sommes une force qui compte», a confié Philippe Alexandre REBBOAH.
Parmi les déchets qui seront exportés, il y aura les déchets soumis à la REP (responsabilité élargie du producteur) tels que les piles, les huiles minérales, les fractions de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques), les panneaux photovoltaïques et les batteries au plomb dont l’exportation est possible par la mobilisation des éco-organismes Corepile,Cyclevia, ecosystem, Soren et l’association locale ATBR (association de traitement des batteries de La Réunion). Des déchets dangereux tels que l’amiante, les acides, les boues hydrocarburées, les poteaux créosotés ou encore les eaux souillées feront aussi partie du voyage. En somme, 51% de déchets REP seront envoyés dans l’Hexagone.
Cette opération a également été possible par la mise à disposition d’une zone de stockage temporaire au grand port maritime,toujours dans le respect de la réglementation et des règles de sécurité. Le préfet de l’île de La Réunion, a souligné l’importance cruciale de cette opération pour le territoire, mettant en avant la gestion responsable des déchets pour garantir la sécurité et la protection de l’environnement ainsi que des concitoyens.
«L’État est intervenu en appui pour faciliter la logistique de l’opération : il a instruit et proposé une autorisation au bénéfice du Grand port maritime pour stocker temporairement sur une zone dédiée les nombreux containers de déchets dangereux préparés en amont par les opérateurs, afin d’accélérer leur embarquement, une fois le navire à quai.», témoigne Jérôme FILIPPINI, le Préfet de La Réunion.
Mer Union, l’un des partenaires du SICR, qui est une compagnie régulière de transport de marchandises conventionnelles, a exprimé son souhait de pérenniser cette opération. «Nous croyons fermement en l’importance de ce projet pour la région et sommes déterminés à assurer son succès. Cette initiative s’inscrit dans notre mission de transporteur de marchandises conventionnelles, et nous sommes fiers de contribuer à des pratiques responsables et durables dans le secteur du transport des déchets», a souligné Christelle GOINDEN, agent de MER UNION.
Cette opération se tient durant la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD) qui a lieu cette année du 18 au 26 novembre. Une démarche soulignant l’engagement du SICR et de ses parties prenantes à faire de la problématique des déchets sur l’île… leur cheval de bataille.