Tamatave : les échanges devraient tripler après la livraison complète de l’extension du port en 2025.

photo : DR

Le Capitaine de Vaisseau Jean Edmond Randriamanantena dirige l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale de Madagascar (APMF)

Le Capitaine de Vaisseau Jean Edmond Randriamanantena dirige l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale de Madagascar (APMF)

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L’Agence Portuaire Maritime et Fluviale de Madagascar (APMF) est l’autorité chargée de mettre en application la politique générale de l’Etat selon les stratégies arrêtées par le ministère chargé des transports concernant le sous-secteur portuaire, maritime et fluvial.
Son directeur nous éclaire sur les réformes de l’agence et les aménagements en cours dans le pays, notamment à Tamatave.

Par nos correspondants permanents à Madagascar : Liva Rakotondrasata et Tsirisoa R.

Les réformes portent sur l’amélioration du mode de gestion afin de sécuriser davantage les recettes et d’optimiser les dépenses.
L’APMF s’est aussi attelée à la mise en œuvre du plan d’action corrective faisant suite à l’audit du secteur effectué avec l’appui technique de l’Organisation Maritime Internationale (OMI).
Au niveau portuaire, le patron de l’APMF soutient que « : « les priorités sont la réalisation du Schéma Directeur National du Développement Portuaire (SDNDP), la continuation des travaux d’infrastructures portuaires en cours et la recherche de partenariat pour la modernisation des ports principaux autres que les installations de Toamasina et d’Ehoala, à Fort-Dauphin. Sans oublier le désenclavement des localités à forte potentialité économique à travers les ports régionaux à réhabiliter ou à construire ».
Pour le SDNDP, l’objectif est d’attirer vers les ports du pays les 7000 bateaux qui passent tous les jours par le sud-ouest de l’océan Indien ou le canal de Mozambique. Selon le DG de l’APMF, Madagascar doit profiter du fait qu’il occupe « une place géostratégique sur les autoroutes commerciales maritimes, vecteurs du commerce Sud-Sud qui relient maintenant les marchés africains, asiatiques et américains ».

5 400 km de côtes à valoriser

Concernant les partenaires potentiels pour la concrétisation des projets de modernisation des infrastructures portuaires, Madagascar mise sur la formule Partenariat Public-Privé dans le cadre d’un processus d’ouverture impliquant les bailleurs de fonds traditionnels. C’est ainsi, par exemple, que la Banque Africaine de Développement (BAD) a financé pour 200 000 euros les études de faisabilité (réalisées par le cabinet néerlandais Maritime & Transport Business Solutions) relative au « Projet Prioritaire PPP » du port de Manakara sur la côte sud-est du pays.
Plusieurs entreprises étrangères seraient intéressées par l’exploitation des infrastructures portuaires du pays les plus prometteuses. Des enseignes bien connues comme Bolloré Transport & Logistics, Terminal Link ou encore DP World circulent sous le manteau. On avance également que Monaco Resources Group (MRG), déjà présent dans l’océan Indien dans l’agribusiness, serait sur les rangs.
Rappelons que Madagascar est une île qui dispose de 5 400 km de côtes, d’une vingtaine de ports maritimes répertoriés, d’environ 1 200 000 km² de Zone économique exclusive (ZEE), et de plus de 2 millions de km² de Search and Rescue Region (SRR) ou Région de recherche et sauvetage.

 

Tamatave : une première livraison en 2022

La Société du Port Autonome de Toamasina (SPAT) est chargée, en tant que gestionnaire du port de Tamatave, de piloter le projet phare du transport maritime à Madagascar. Elle a engagé la reprise des travaux de son extension en 2018, année où les chiffres présentent un volume de 90% des marchandises importées et exportées à Madagascar, à 2,7 millions de tonnes de marchandises. Une partie de ce volume a été estimée à 243.000 EVP. Ces chiffres ont connu une croissance en 2019 avec un trafic en hausse de 7% pour les conteneurs et de 3% pour les marchandises conventionnelles.
Les coûts des travaux annoncés pour l’extension du grand port de l’Est sont de 639 millions de dollars. Le japonais JICA (Agence japonaise de coopération internationale) a accordé un prêt de 411 millions de dollars à l’Etat, remboursable sur 40 ans. L’Etat malagasy participe à hauteur de 228 millions de dollars.
Aux alentours de 2022, une partie de l’extension sur 10 hectares sera opérationnelle. Ce chantier sera livré en 2025 pour accompagner la croissance annuelle des futurs trafics et pour soutenir ce poumon dont dépend en grande l’économie nationale. La SPAT prévoit également que le flux traité sur le port sera triplé après la livraison totale de ce chantier.
Cette extension opérée au port de Tamatave s’inscrit dans la nouvelle Politique nationale du transport maritime validée en 2020. Cette politique s’articule en effet autour de cinq axes stratégiques sur lesquels le grand port est totalement engagé : gouvernance transparente du transport maritime, intégrité, professionnalisme et inclusivité. Les ressources humaines seront suivies en permanence sur leur compétence, les ports appuieront le domaine de la sûreté, compétitivité et de proximité. Les navires et la navigation devraient être sécurisés et l’environnement sera protégé en permanence contre les effets néfastes du transport maritime, notamment le rejet de CO2.

 

A Diego aussi, une extension est prévue

Le projet a été présenté pour la première fois peu de temps avant l’arrivée de la Covid-19, lors du forum sur les investissements baptisé Wave Madagascar. Il s’agit d’agrandir et de moderniser le port de Diégo Suarez (Antsiranana). Ce dernier est l’un des ports secondaires principaux de Madagascar avec un trafic qui se situe en troisième position, après les ports de Tamatave (Toamasina) et de Mahajanga. Le gouvernement mise sur le partenariat avec le privé pour concrétiser ce projet dont la première phase prévoit, en plus d’un terre-plein de 20 000 m2, un nouveau quai de 122 mètres linéaires à -8,50 mètres de tirant d’eau, adapté aux navires de moins de 140m de long (10 000 t).